Homélie, messe du 15 et 16 novembre 2025
33ème dimanche ordinaire C_ Luc (21, 5-19)
On aurait envie d’appeler ce passage d‘Évangile « Apocalypse now » !
Les mots de Jésus sont effrayants, avec leur lot de catastrophes, de faux prophètes, et de persécutions. Mais, à la toute fin, il nous ouvre sur une promesse et une Espérance : « c’est par votre persévérance que vous garderez votre vie ».
C’est pourquoi, je crois qu’il ne faut pas entendre les paroles fortes de Jésus comme une prophétie de malheur, mais plutôt comme un avertissement salutaire pour aujourd’hui : « ne soyez pas terrifiés ».
Ce n’est pas la fin du monde que Jésus annonce. C’est la fin d’UN monde !
Le mot Apocalypse se traduit par : REVELATION.
Ce n’est pas « Apocalypse now », mais : Révélation d’une Espérance pour aujourd’hui.
Alors, comment comprendre tous ces mots de catastrophe ?
Les exégètes nous expliquent que St Luc a écrit son Évangile dans les années 80-85, c’est à dire seulement une dizaine d’années après la destruction du Temple de Jérusalem par l’armée romaine. C’est un fait historique, qui s’est déroulé en Aout 70 de notre Ere.
Si je me rappelle bien mes leçons de conjugaison, c’est donc un récit qui est écrit au futur antérieur. Saint Luc place dans la bouche de Jésus des faits qui se réaliseront plus tard, mais qui sont bien connus des premiers Chrétiens auxquels il s’adresse. L’Évangéliste se base sur la réalité d’un drame récent pour dire à ses contemporains : à l’image de ce temple de pierres qui a été détruit, c’est l’ordre ancien qui a disparu. Dieu n’est plus enfermé dans un temple de pierres.
Deux mille ans après, l’Église nous dit encore : croyez en Jésus, c’est lui le nouveau temple, la demeure de l’Esprit. Par sa mort et par sa résurrection, il est devenu le sanctuaire de la présence de Dieu. L’Evangile de St Jean nous le disait déjà dimanche dernier : Jésus parlait du sanctuaire de son corps.
Et il veut demeurer en chacun de nous. Le nouveau temple, c’est le corps du Christ. Et le corps du Christ aujourd’hui, c’est l’Eglise : nous sommes le sanctuaire de Dieu, les pierres vivantes du nouveau temple qu’est le Christ ; et nous pouvons donc conformer notre vie à la sienne.
Durant sa vie d’homme, Jésus n’est pas resté « les bras croisés » : au contraire, il a largement ouvert les bras sur la Croix… après avoir guéri les malades, nourri les foules et relevé les pécheurs. Et Jésus nous invite à participer nous aussi à la construction d’un monde nouveau, un monde juste et fraternel qu’il nomme le Royaume de Dieu.
Jésus met en garde ses disciples, pour qu’ils ne restent pas à « contempler le Temple de pierres » (ni même la Cathédrale de Nantes rénovée après la catastrophe de l’incendie) mais à vivre dans la Persévérance, pour entretenir la Foi, la Charité et l’Espérance, là où ils sont – là où nous sommes – malgré les difficultés du temps. « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie ».
Depuis la mort et la résurrection de Jésus, c’est la fin d’un monde sans espérance. Cette page d’Evangile est une page d’Espérance, qui vient renforcer notre Foi, et notre Charité. Le poète nous dit que « la petite fille Espérance » est juchée sur les épaules de ses deux grandes sœurs, la Foi et de la Charité, pour voir plus loin, voir plus haut. L’Espérance voit ce qui n’est pas encore, et qui sera.
Que voit l’Espérance aujourd’hui, autour de nous ?
L’Espérance voit, et anime toute l’année l’action des bénévoles du Secours catholique, et tous les acteurs de la solidarité, dans leur diversité…dans toute leur diversité,
L’Espérance était présente hier au Rassemblement du Jubilé des Clameurs à Pontchâteau, à l’initiative de la Diaconie du diocèse : une journée pour manifester que « tout est lié ». La clameur des pauvres, et la clameur de la terre sont un seul et même cri qui monte vers le Père : « C’est Toi mon espérance » (Psaume 71,5).
L’Espérance est dans le cœur des lycéens de notre Doyenné qui sont confirmés ce dimanche, dont plusieurs de St Dominique,
L’Espérance est dans la persévérance des militants de la paix entre les peuples, et des artisans du dialogue inter-religieux,
L’Espérance habite dans la maison des familles qui croient en la vie, et qui accueillent un nouvel enfant,
L’Espérance est dans la prière silencieuse et persévérante des grands parents pour leurs petits-enfants,
L’Espérance guide les jeunes qui s’engagent dans la vie consacrée, ou religieuse,
L’Espérance chemine avec l’accompagnement des familles en deuil, et avec le Service évangélique des malades,
L’Espérance est dans le cœur de tous les chrétiens qui essaient d’accorder leur vie avec leur foi,
L’Espérance est l’âme de notre communauté paroissiale, par sa fidélité au message de l’Evangile au long des jours,
Alors, ces pierres vivantes du nouveau temple sont présentes ici et maintenant :
Regarde ta voisine, regarde ton voisin de banc ce matin : il a un cœur d’Espérance,
Et laisse-toi regarder par le Christ : il te dit que tu es le Temple de Dieu, une figure d’Espérance pour le monde d’aujourd’hui.
C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie ! Amen
